Agro K M ...

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| organismes génétiquement modifiés [OGM]

organismes génétiquement modifiés [OGM]

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PRÉSENTATION

organismes génétiquement modifiés [OGM], organismes vivants (bactéries, plantes ou animaux) dont le matériel génétique (génome) a été artificiellement modifié, le plus souvent pour contenir un nouveau gène.
La modification du génome créée en laboratoire est, de même que toute modification naturelle (mutation), transmise à la descendance en même temps et de la même façon que les autres gènes. Les séquences d’ADN modifiées confèrent à l’organisme des caractères nouveaux (par exemple la résistance à un herbicide), qui conditionnent les avantages comme les risques de l’utilisation des OGM.

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DÉFINITIONS

La loi du 13 juillet 1992, qui suit les directives de la CEE, donne les définitions suivantes :
— Organisme : toute entité biologique non cellulaire, cellulaire ou multicellulaire, capable de se reproduire ou de transférer du matériel génétique.
— Organisme génétiquement modifié (OGM) : un organisme dont le matériel génétique a été modifié d’une manière qui ne s’effectue pas naturellement par multiplication et / ou par recombinaison naturelle.
Les OGM peuvent donc être aussi bien des virus, des unicellulaires (bactéries et protistes), que des plantes ou des animaux ; ils comportent obligatoirement des séquences d’ADN issues de manipulations in vitro, ce qui exclut donc toutes les modifications dues à des mutations ou des recombinaisons génétiques naturelles. Les techniques utilisées pour modifier le matériel génétique des organismes vivants sont réunies sous le nom de transgénèse : le nouveau gène est qualifié de transgène, et les OGM portent également le nom d’organismes transgéniques.

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LA TRANSGÉNÈSE

On peut, en laboratoire, introduire artificiellement de nouveaux gènes dans des organismes vivants : c’est la transgénèse. Ces gènes vont ensuite s’exprimer dans les cellules de l’organisme, c’est-à-dire qu’ils vont être transcrits en ARN (voir ARN), puis traduits en protéines (voir traduction), lesquelles sont généralement responsables de propriétés nouvelles. La transgénèse a donc pour but de modifier l’organisme concerné pour lui apporter de nouvelles caractéristiques intéressantes, comme la résistance à un parasite, à un virus ou à une bactérie (le plus souvent chez les plantes, mais aussi chez les animaux) ou à un herbicide ; elle peut également permettre de modifier la couleur d’une fleur ou d’un fruit, de provoquer une meilleure assimilation d’un nutriment donné, d’augmenter la productivité d’une espèce cultivée, ou encore de faire produire à un être vivant des protéines (hormone de croissance, par exemple) dans un but thérapeutique.
Les techniques utilisées pour la transgénèse appartiennent à celles du génie génétique. Elles diffèrent selon l’organisme que l’on cherche à modifier. Chez les bactéries, il est possible d’insérer des gènes par des méthodes de transformation (les bactéries sont placées dans un milieu contenant des fragments d’ADN porteurs du gène choisi ; ces derniers, peuvent, dans certains conditions, traverser la paroi bactérienne). Chez les plantes, la technique la plus couramment utilisée est l’injection de gènes dans une cellule (grâce à une micropipette), ensuite mise en culture pour régénérer un plant adulte. Chez les animaux, l’ADN étranger est généralement injecté dans des cellules-œufs (zygotes) — celles-ci sont ensuite implantées chez des femelles porteuses pour la suite de leur développement.
Outre ces techniques fondées sur l’injection directe de matériel génétique, la transgénèse peut également utiliser des vecteurs, c’est-à-dire des organismes intermédiaires porteurs du gène. Ces vecteurs sont, en l’occurrence, des virus dont le génome est capable de s’incorporer dans celui de leur cellule-hôte (rétrovirus).

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DOMAINES D’APPLICATION DES OGM

 

4.1
 
Recherche fondamentale

La transgénèse est particulièrement utile pour étudier le fonctionnement des gènes, leur mode de régulation et les protéines pour lesquelles ils codent. Par exemple, on peut insérer, dans une bactérie dont on connaît auparavant toutes les caractéristiques, un gène nouveau : l’étude des nouvelles caractéristiques de la bactérie modifiée permet d’élucider le rôle de ce gène.
Les techniques de la transgénèse sont également d’une grande utilité dans le domaine de l’embryologie (étude du développement).

4.2
 
Industrie pharmaceutique

Des animaux ou des plantes fonctionnant comme des « usines biologiques », afin de fabriquer en grandes quantités des protéines nécessaires au traitement de maladies humaines, sont l’une des applications les plus prometteuses des OGM. Le soja, la pomme de terre et la banane ont déjà été utilisés pour la production de vaccins ou de protéines à effet thérapeutique. De même, chez les animaux, les techniques de la transgénèse ont permis d’obtenir des brebis et des chèvres dont le lait contient des facteurs de coagulation humains (utilisés dans le traitement de l’hémophilie). De nombreuses protéines, par exemple l’insuline, sont également déjà produites par des bactéries transgéniques.
Les enjeux économiques de ce type d’applications sont très importants : production à moindre coût, rendements élevés, débouchés importants. La vaccination traditionnelle, par exemple, est un procédé coûteux qui nécessite des investissements de fabrication de type industriel, incompatibles avec les moyens des pays en voie de développement, dans lesquels ces vaccinations sont pourtant impératives. L’utilisation d’une infrastructure agricole locale pour une production massive de vaccins issus d’OGM pourrait représenter une solution alternative à certains problèmes de santé publique de ces pays.

4.3
 
Agroalimentaire

Les seuls OGM disponibles sur le marché sont actuellement des plantes transgéniques. La transgénèse est dans ce cas utilisée comme une technique d’amélioration des plantes, obtenue de façon traditionnelle par sélection. Les espèces végétales peuvent ainsi être rendues résistantes à des herbicides (colza), à des parasites (maïs contenant une protéine toxique pour la pyrale, un papillon dont les larves consomment les tiges de la plante — voir lutte contre les parasites), à des virus spécifiques ou au gel. Des recherches portent également sur l’utilisation des OGM pour l’augmentation du rendement de certaines espèces végétales ou l’introduction de nouvelles qualités (couleur, forme), par exemple dans le cas où la variété à améliorer et la variété possédant les caractéristiques intéressantes sont impossibles à hybrider.
En 2006 dans le monde, la culture des OGM représentait, selon l’International Service for the Acquisition of Agri-Biotech Applications (Isaaa), 7 p. 100 environ des terres arables, avec 102 millions d’hectares consacrés à la culture des soja, maïs, coton et colza transgéniques (les États-Unis et l’Argentine sont les principaux pays producteurs, concentrant respectivement 53 p. 100 et 18 p. 100 des cultures transgéniques ; ils sont suivis par le Canada et le Brésil, chacun à 6 p. 100).
Par ailleurs, de nombreux travaux portent sur la production d’animaux transgéniques. Il s’agirait, par exemple, de rendre la viande du porc moins grasse. Aux États-Unis, les sociétés produisant des OGM cherchent à mettre au point des vaches chez lesquelles l’hormone de lactation serait produite en permanence, ce qui augmenterait considérablement les rendements de la production laitière.

4.4
 
Autres domaines

Les recherches sur les plantes transgéniques concernent également des productions comme le coton, pour la résistance aux insectes et aux herbicides, l’amélioration de la qualité des fibres, et même la couleur (insérer des gènes modifiant la couleur du coton pourrait permettre de réduire l’utilisation des teintures chimiques). De même, des recherches portent sur la modification de la couleur des œillets et le ralentissement du processus de fanage. Pour le peuplier, on cherche à améliorer les fibres utilisées pour la fabrication du papier.

5
 
LES RISQUES POTENTIELS LIÉS AUX OGM

Pour évaluer correctement les risques liés aux OGM, il faudrait pouvoir répondre sans ambiguïté à la question suivante : le passage de l’information génétique des OGM vers d’autres génomes est-il possible, et, si oui, quelles en seraient les conséquences sur la santé et l’environnement ?

5.1
 
Risques écologiques

Le risque principal réside dans la contamination de plantes sauvages par une plante transgénique de la même espèce (le transfert de gènes semble peu probable entre deux espèces différentes). Il est en effet possible que des gènes passent chez la plante sauvage au cours de la reproduction, par le biais du pollen de la plante modifiée. Ce transfert pourrait avoir pour conséquence de perturber l’équilibre écologique du milieu (par exemple si les gènes de résistance aux parasites se transmettaient à des espèces sauvages).
L’utilisation de plantes produisant des toxines contre les insectes et les parasites nuisibles pour les cultures pourraient également engendrer l’apparition de populations résistantes de nuisibles. En effet, par le biais de la sélection naturelle, survivront et se reproduiront les nuisibles naturellement résistants à ces toxines. Il est à noter que ce risque n’est pas inhérent aux OGM ; il existe également avec les pesticides chimiques. De plus, les populations naturelles d’insectes inoffensifs pourraient être, elles aussi, victimes des toxines produites par les plantes transgéniques (il semble, par exemple, que le monarque, un papillon migrateur d’Amérique du Nord, soit sensible à la toxine anti-pyrale produite par les maïs transgéniques).